Hunting Good est un multi-instrumentiste qui aime raconter des histoires en musique. Sensible aux sonorités du monde, il fusionne jazz, funk et musiques traditionnelles dans des compositions cinématiques et intuitives, nourries par son imagination et ses voyages. Sur son EP Kala ma Katza, il imagine une tribu au centre d’une aventure épique, qui avance au rythme des cuivres, percussions et chants. Basé à Barcelone, le musicien s’inspire du cycle du papillon pour composer ces cinq titres magiques, qui nous ont donnés envie d’en savoir plus sur le projet. Interview avec l’auteur d’une des plus belles claques de l’année.

Que signifie “Hunting Good” ?
J’ai toujours été fasciné par la dualité, ce que l’on retrouve dans une grande partie de mon travail, tant sur le plan sonore que conceptuel. Je voulais que mon nom d’artiste reflète cette même ambiguïté. Hunting Good peut sonner positivement ou négativement, selon la personne qui le lit.
Ce nom m’est venu pendant une période introspective, alors que je pratiquais la méditation. Un exercice guidé consistait à chercher les choses positives de sa journée, même les plus petites ou insignifiantes. Cela a profondément résonné en moi, car cette démarche portait en elle la dualité que je recherchais. On peut “chasser le bon” depuis un lieu de lumière ou depuis un lieu d’ombre. Ce contraste est au cœur de ce que je fais.
Je me demande aussi ce que signifie “Kala ma Katza”, le titre de ton EP, quelle est cette langue ?
C’est drôle car Kala ma Katza est une phrase entièrement inventée. Pour cet EP, j’ai imaginé une tribu ancienne comme protagoniste de l’histoire. le but était justement de ne pas comprendre leur langage. L’idée est que chacun puisse projeter sa propre interprétation, en se laissant guider par ce que la musique exprime émotionnellement.
Il y a toutefois un clin d’œil caché : dans le morceau « Face of Death », un chant en catalan approximatif dit “Que la mort a la guerra em porti al cel”, soit “Que la mort dans la guerre m’emmène au ciel”.
Tout au long de l’EP, la phrase Kala ma Katza revient sous des formes différentes, chaque variation correspondant à une étape du cycle de transformation. Elle n’apparaît clairement que dans le dernier morceau, symbole de l’accomplissement. Kala ma Katza incarne l’appréciation et la vénération de la vie et de la mort, réunies dans une seule formule.
Tu définis cet EP comme une “métaphore de la transformation”. Quelle histoire veux-tu nous raconter à travers ces morceaux ?
L’EP explore la vie et la mort à travers les yeux d’une tribu ancienne. Dans leur univers, la mort est sacrée et considérée comme un passage nécessaire vers une forme d’existence supérieure.
La métaphore de la transformation s’inspire du cycle de vie du papillon (d’où sa présence sur la pochette de l’EP), divisé en trois étapes. La première est celle de la larve, qui représente la vie sur terre : ancrée, imparfaite, parfois laide, mais essentielle. Vient ensuite le cocon, ou la mort : une transition entre deux mondes, où se décide si l’on renaîtra sous une forme plus élevée ou si l’on disparaîtra totalement. Enfin apparaît le papillon, symbole de la vie céleste : belle, parfaite, avec une vision du monde depuis les hauteurs.
Quand j’ai imaginé ce concept, je pensais être original, mais j’ai vite réalisé qu’il s’agissait d’une idée ancienne, présente partout, de la philosophie grecque à de nombreuses traditions spirituelles.
Ta musique sonne intense et épique, comme si une véritable orchestration t’accompagnait. Es-tu un homme-orchestre, ou travailles-tu avec d’autres musiciens ?
Je suis essentiellement un homme-orchestre qui aime se torturer en enregistrant bien trop de morceaux ! La plupart des instruments ont été joués par moi, mais je n’aurais jamais pu y arriver sans l’aide de musiciens incroyables qui ont comblé les trous.
Mon instrument principal, c’est les cuivres, surtout la trompette, mais j’ai aussi réalisé tous les chants, les percussions, les flûtes, les arrangements et la composition, etc. J’ai toujours aimé bidouiller avec de nouveaux instruments, et la plupart du temps, il n’est pas nécessaire d’en maîtriser un parfaitement ; il suffit de pouvoir en tirer quelques sons pour construire quelque chose d’intéressant.
Pour créer cette sensation de tribu vivante, j’ai volontairement superposé des centaines de couches et embrassé les imperfections de mon jeu. Ce sont ces défauts qui rendent le tout authentique et permettent aux auditeurs de visualiser les scènes plus clairement.

On te sent clairement influencé par le monde. De quels genres musicaux et de quels pays tires-tu ton inspiration ?
Au cours de ma vie, j’ai beaucoup voyagé et j’ai toujours été fasciné par la musique des autres cultures. J’aime en prélever des fragments qui me touchent, pour les intégrer à mon propre univers.
Du côté des percussions, il y a une influence africaine évidente, mais certains chants s’inspirent vraiment du flamenco, qui est extrêmement expressif et sincère, même dans son imperfection. Les cuivres viennent des fanfares et des orchestres de jazz, mais aussi tout particulièrement d’Ibrahim Maalouf, que j’écoutais énormément pendant la création de l’EP. Certaines mélodies ont une influence arabe, et je puise également beaucoup dans la grandeur et l’aspect épique du cinéma.
En réalité, je crois que j’ai inconsciemment mélangé dans ma tête les styles que j’admire, pour créer quelque chose que, honnêtement, je ne saurais catégoriser précisément.
Il y a quelque chose de cinématographique dans ta musique. Es-tu influencé par les bandes originales de films ?
Fait intéressant, la plupart de mes morceaux finissent par sonner de manière cinématographique. Toute mon idée avec Hunting Good est de raconter des histoires à travers le son, donc la plupart du temps, quand je compose, je ne pense pas à une structure de chanson typique. J’imagine plutôt une histoire, que je visualise mentalement en créant chaque morceau. Pour cet EP, c’était particulièrement vrai. En fait, dans certaines de mes sessions Pro Tools, les repères ne sont pas “refrain” ou “couplet”, mais des indications comme “quitter la ville” ou “effrayer la bête”. C’est pour cela que les morceaux donnent l’impression d’appartenir à un film.
Je m’inspire de bandes originales épiques comme Avatar, Dragons (How to Train Your Dragon), beaucoup de Hans Zimmer, Ludwig Göransson, Bear McCreary, et d’autres qui savent vraiment construire des univers à travers la musique.
S’il y avait un film ou un réalisateur pour lequel tu pourrais composer la bande originale, que choisirais-tu ?
C’est une question difficile ! Je pense que j’adorerais participer à quelque chose comme Avatar, qui correspond vraiment à mon style, du moins au style de cet EP. Mais honnêtement, n’importe quel film avec des personnages intéressants et un arc émotionnel fort serait enthousiasmant. Composer la musique d’un film a toujours été un rêve pour moi, et j’espère qu’il deviendra réalité un jour.
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