Décembre est là, et il est temps pour tout média musical qui se respecte de se coller à l’exercice fastidieux du top de l’année. Musiques Obliques vous présente sa sélection éclectique entre évidences et coups de coeur tombés du ciel, avec un faible pour les musiques alternatives, nourries par les cultures du Monde. Voici une sélection de 50 albums qui ont rythmé cette année relativement sombre, dominée par la montée en puissance de l’IA. Une bonne raison pour ces albums, compilations ou EP de mériter chacun leur superlatif. Pour toi lecteur, je prends soin -quand c’est possible- d’intégrer un lien d’écoute Bandcamp, la meilleure plateforme quand il s’agit d’ouvrir ton porte-monnaie pour supporter tes artistes préférés ! Un top en cinq parties.
Le plus PROPRE
Steam Down – I Realised It Was Me
Né des énergies collectives de la scène londonienne, Steam Down déploie une musique à la fois spirituelle et explosive, qui se nourrit du meilleur des scènes UK jazz, neo-soul ou R&B. Particularité de cet album : tout est ultra clean, rien ne dépasse de ces chansons pourtant riches en sens et en arrangements complexes. Un album intense qui nettoie les oreilles et qui marquera à coup sûr cette décennie de jazz contemporain.
Un album découvert grâce à Weekult.
Le plus JOUISSIF
Jatun Mama – Ura Uku
Duo équatorien composé de Jesús Bonilla et Félix Maldonado, Jatun Mama électrise les traditions Kichwa de Turuku avec un premier album unique en son genre. Entre instruments andins et textures électroniques, les dix titres revisitent la cosmologie autochtone avec une énergie festive et une once de spiritualité. Né au coeur des Andes, le projet traduit les rituels locaux dans un langage musical contemporain. Une claque issue de la collaboration entre les labels Eck Echo et ANTA records. Chronique oblique à lire ici.
Le plus ÉLÉGANT
Thakzin – Gods Window part.1

Thakzin est le pionnier du mouvement 3Step, le genre qui a réconcilié quatre scènes majeures sud-africaines : l’amapiano, le gqom, la deep house et l’afro house. Thakzin y raconte l’évolution du beat entre les âges, entre énergie ancestrale, culture africaine, jazz élégant et pulsations électroniques. Souvent copié et rarement égalé, Thakzin signe enfin son premier album tant attendu, une offrande spirituelle composée avec une classe qu’on ne lui enlèvera jamais.
A écouter ici.
Le plus FRÉNÉTIQUE
Khadija Al Hanafi – !OK!
Khadija Al Hanafi est de retour avec !OK!, un album qui confirme son statut de productrice visionnaire. Après le succès de Slime Patrol, elle livre une œuvre dense de footwork frénétique et atmosphérique. Depuis Tunis, Khadija Al Hanafi envoie une dédicace singulière au genre de Chicago tout en affirmant son identité et sa vision organique de la musique électronique. Un remède contre l’ennui en 20 titres.
Le plus CONTEMPLATIF
Brìghde Chaimbeul – Sunwise
On peut toujours compter sur le label Glitterbeat pour dénicher des pépites improbables, à contre-courant des genres en vogue. Sur Sunwise, la joueuse de small pipes -petite cornemuse écossaise- murmure ses traditions et son folklore à travers des expérimentations hypnotiques. Immersif à souhait, Sunwise incarne à la fois l’héritage des musiques ancestrales européennes et l’audace d’une musicienne contemporaine, qui s’impose comme l’une des voix essentielles de la scène folk expérimentale.
Le plus VISIONNAIRE
Le Diouck – Grace Joke
Le Diouck dévoile son premier album Grace Joke en collaborant avec des artistes novateurs comme Bonnie Banane, Lala &ce, La Zowi et Yves Tumor. Illustrateur, mannequin et producteur, le Franco-sénégalais mélange wolof, français, anglais dans des compositions avant-gardistes et provocatrices. Entre conte urbain, mythologie, identité queer et mémoire diasporique, le Diouck incarne une nouvelle génération qui valorise l’héritage culturel comme force créative. Le futur de la musique urbaine s’écrit aussi à Paris.
Le plus POÉTIQUE
Lagon Nwar – Lagon Nwar
Lagon Nwar, c’est la rencontre du trio Marcel Balboné/Valentin Ceccaldi/Quentin Biardeau et d’Ann O’Aro, voix déjà mythique de l’île de la Réunion. Entre créole réunionnais, bissa, français et mooré, leurs neuf titres dessinent un territoire imaginaire, à la fois intime et universel. Les traditions maloya se télescopent avec celles du Burkina-Faso et du jazz européen dans un album incandescent qui s’écoute et qui se vit.
Le plus ONIRIQUE
Le Motel – Odd Numbers / Số Lẻ
Personne n’a vu venir cet album de Le Motel, producteur belge qui nous a habitué à des prods dancefloor brutes et incisives. Né de ses voyages au Vietnam en 2023, Odd Numbers / Số Lẻ est un album collectif où cohabitent ambient et field recording. Entre sons du quotidien, voix locales et sons de l’environnement, il construit une œuvre immersive nourrie par les communautés rencontrées, notamment les Hmong. Un carnet de voyage sonore qui traduit en musique des expériences humaines et multiculturelles. Frissons dans le dos.
Le plus CONVIVIAL
V/A – Hyper Manioc
2025 était synonyme de 5ème anniversaire pour le label lyonnais Blanc Manioc, qui a célébré dignement avec une compilation de remixes bien sentis. Ici, des morceaux-phares du label croisent le fer avec le meilleur de la scène club française. Le rap mandingue de MC Waraba se voit gonflé au dub de Stand High Patrol, anyoneID offre une prod-turbine au rappeur ivoirien Kwenza, et Mendi déguise la Nigériane Aunty Rayzor en prêtresse gqom, tout ça au milieu autres bangers. L’avant-garde ouest-africaine dans un gros EP connecté.
Le plus PRÉCIS
Flume & Emma Louise – DUMB
La voix éthérée de la chanteuse australienne se pose en douceur sur les productions ciselées de l’infatigable Flume. Quelques mois après son EP délirant en duo avec JPEGMAFIA, Flume met son talent au service d’un univers alt‑pop électronique, à la fois puissant et intimiste. Un album qui révèle de nouveaux détails à chaque écoute. Musique électronique de luxe !
à suivre…
Laisser un commentaire