2025 en 50 superlatifs, part.3/5

Décembre est là, et il est temps pour tout média musical qui se respecte de se coller à l’exercice fastidieux du top de l’année. Musiques Obliques vous présente sa sélection éclectique entre évidences et coups de coeur tombés du ciel, avec un faible pour les musiques alternatives, nourries par les cultures du Monde. Voici une sélection de 50 albums qui ont rythmé cette année relativement sombre, dominée par la montée en puissance de l’IA. Une bonne raison pour ces albums, compilations ou EP de mériter chacun leur superlatif. Pour toi lecteur, je prends soin -quand c’est possible- d’intégrer un lien d’écoute Bandcamp, la meilleure plateforme quand il s’agit d’ouvrir ton porte-monnaie pour supporter tes artistes préférés ! Un top en cinq parties, voici la troisième.

Jako Maron – Mahavélouz

Dans la continuité de ses précédents travaux sur Nyege Nyege Tapes ou Babani Records, Jako Maron est de retour avec Mahavélouz, nouvelle salve de maloya expérimental. Centré sur le bobre -instrument mélodique traditionnel souvent éclipsé par les percussions- le mini-album revisite les rythmes ancestraux et politiquement chargés du maloya avec 7 turbines hypnotiques. Entre recherche sonore et expérimentation pure, Jako Maron donne sa vision radicale et moderne de ce genre ancestral.

DJ Satelite & DJ Galio – Raizes

L’un des pionniers de l’Afro House DJ Satelite s’associe à son poulain DJ Galio sur un grand album, qui vient conclure une trilogie entamée par les EP Horizonte et Caminho. Dans un monde où l’Afro House est en train de se muter en EDM de mauvais goût, les producteurs angolais restent droits dans leurs bottes en proposant 28 titres authentiques qui puisent leur énergie dans les racines du grand Continent. Fort des ses nombreuses collaborations, Raízes est un hommage dancefloor à la diversité des sons venus d’Afrique, qui ont muté dans les mains de sa diaspora. Essentiel !

Sammy Virji – Same Day Cleaning

A l’écoute de Same Day Cleaning, il n’y a plus de débat, Sammy Virji est bien la figure centrale du UK Garage contemporain. Doté d’un groove contagieux, l’album prend le meilleur des genres 2-step, grime, bassline et speed garage. Il prend même la peine d’inviter des légendes old-school comme MJ Cole, Giggs, Flowdan ou Tuff Jam pour relier les époques tout en finesse, sans pour autant rester figé dans le passé. C’est mélodique, raffiné, jouissif et incroyablement vivant. Un album complet et irrésistible qui fera date.

A écouter ici.

Abadir – Kitbashing

Conçu avec l’artiste visuel Nicolò Cervello, Kitbashing est le troisième album d’Abadir pour le label SVBKVLT. Le producteur égyptien y explore l’impact des réseaux sociaux et de leurs algorithmes avec un sound design bluffant de textures et de vivacité. À partir de fragments sonores de reels, posts et publicités, il compose des collages électroniques où le beat se dilate et se contracte, mimant le défilement infini des écrans. Cet album aussi passionnant qu’actuel détourne les algorithmes en matière sonore dans une expérience immersive métaphorique. Unique.

Kelly Moran – Don’t Trust Mirrors

Entre rééditions de classiques IDM et nouvelles sorties expérimentales des dinosaures du label, Warp Records laisse s’exprimer le néo-classique de Kelly Moran. Sur son troisième album, la New Yorkaise détourne toujours les règles du piano en y insérant objets et matériaux au milieu des cordes, le tout doublé de délicats traitements électroniques. En se rapprochant de la harpe et du synthé dans les sonorités, Kelly Moran offre un massage auditif spirituel d’un autre monde.

Quenum – Change Time

Actif depuis maintenant plus de 25 ans, Quenum est avant tout connu pour avoir co-fondé le label Cadenza avec Luciano en 2003. Un pan incontournable de la musique électronique que le pionnier de l’ombre continue encore d’explorer aujourd’hui avec son album Change Time. Nourri de ses influences pour les légendaires Massive Attack, Archive ou Burial, l’album est un petit bijou d’electronica moderne aux textures cinématographiques. Loin des clubs, Quenum a pensé son album durant la pandémie, se réfugiant dans la création musicale avec son fils, qui lui prête sa voix sur deux morceaux. Onirique et intemporel.

Woodkid – Death Stranding 2 : On The Beach

Woodkid signe une bande originale immersive et puissante, fruit de trois ans de collaboration avec Hideo Kojima autour du jeu vidéo Death Stranding 2. Fidèle à lui-même, Woodkid mêle orchestrations épiques, percussions électroniques et voix éthérées. Plus qu’une simple BO, On the Beach incarne la vision du musicien français : transformer l’expérience du jeu vidéo en odyssée sonore, entre émotion brute et innovation musicale.

A écouter ici.

Erika de Casier – Lifetime

Lifetime marque une évolution vers une esthétique plus expérimentale et contemplative chez Erika de Casier, sans relâcher la délicatesse émotionnelle de sa musique. Inspirée par les sonorités des années 90 et 2000, elle tisse des atmosphères feutrées où voix délicates et beats minimalistes cohabitent. Lifetime est un album qui sent bon la nostalgie et qui contribue à propulser la Danoise au rang de figure essentielle de l’électro-pop contemporaine. Une véritable caresse pour les oreilles.

Nazar – Demilitarize

Nazar signe avec Demilitarize un second album introspectif et onirique, en réponse au “rough kuduro” du précédent Guerrilla. Nourri par une année de maladie (Covid puis tuberculose latente) et l’éclosion d’un amour, le disque décrit la mue d’un artiste qui se défait de l’armure du trauma. Les rythmes kuduro sont toujours là, mais gravitent en filigrane autour d’une voix intimiste, qui chuchote à l’oreille de l’auditeur. Inspiré par un imaginaire cyberpunk, Demilitarize ondule à travers un sound design précis, dont les différentes couches s’épluchent au fil des écoutes. Mystérieux et passionnant.

Yamê – ÉBĒM

Depuis « Bécane » et son Colors Show légendaire, le rap français est touché par la grâce. Après une ascension éclair qu’il n’a pas vue venir, le Franco-camerounais Yamê a gardé la tête froide et livre 14 titres envoûtants, emmenés par sa voix caractéristique. Entre deux collaborations avec M, Caballero ou Orelsan, Yamê construit son propre univers hybride, loin des clichés autotunés qui inondent la scène. Ébēm est une quête identitaire et spirituelle, un album dense et authentique qui ressemble à son auteur, un artiste majeur de la décennie.

A écouter ici.

à suivre…

Laisser un commentaire